
La pêche de loisir en eau douce est une passion partagée par plus d’un million et demi de Français. Pour préserver ce patrimoine naturel exceptionnel et garantir la pérennité des espèces, cette activité s’exerce dans un cadre réglementaire précis, défini par le ministère de la Transition écologique et appliqué localement. Comprendre ces règles est fondamental pour tout pêcheur responsable.
La carte de pêche : votre sésame indispensable
Avant de lancer votre ligne dans la plupart des cours d’eau, lacs ou canaux, il vous faut une carte de pêche. Celle-ci est obligatoire pour pêcher dans les « eaux libres », où les poissons circulent librement. Elle témoigne de votre adhésion à une association agréée (AAPPMA) et du paiement de la redevance pour la protection des milieux aquatiques. Pêcher sans carte dans ces eaux peut être sanctionné par une amende. Attention, la réglementation ne s’applique pas de la même manière dans les « eaux closes » (plans d’eau isolés), où le droit de pêche relève du propriétaire privé.
Catégories piscicoles : deux mondes, deux calendriers
Toutes les eaux ne se ressemblent pas, et leur classement détermine les périodes où vous pouvez y pêcher.
- En première catégorie (rivières à truites), la pêche est généralement ouverte du deuxième samedi de mars au troisième dimanche de septembre.
- En seconde catégorie (grandes rivières, lacs, étangs), la pêche est le plus souvent autorisée toute l’année. Cependant, des fermetures spécifiques protègent la reproduction de certaines espèces, comme le brochet (généralement de fin janvier à fin avril).
Ces dates sont fixées au niveau national mais peuvent être précisées ou adaptées par arrêté préfectoral dans chaque département. Il est donc crucial de consulter la réglementation locale avant de sortir.
Respecter le poisson et son milieu : les règles à connaître
Au-delà des périodes, la réglementation encadre la pratique pour protéger la ressource.
- Horaires : On pêche généralement du lever au coucher du soleil, avec des exceptions pour des techniques comme la pêche de la carpe de nuit sur certains parcours.
- Tailles minimales et quotas : Des arrêtés fixent pour chaque espèce une taille légale de capture et souvent un nombre maximal de prises par jour. Tout poisson sous la taille doit être remis à l’eau avec soin.
- Protection des habitats : Il est strictement interdit de détruire les frayères (zones de reproduction) ou de porter atteinte aux berges et à la qualité de l’eau. Ces infractions sont sévèrement réprimées.
- Zones interdites : La pêche est prohibée dans les réserves, près des barrages, des écluses et des passes à poissons.
Qui décide où l’on peut pêcher ?
Le droit de pêche, c’est-à-dire la possibilité d’autoriser la pêche sur un lieu, n’appartient pas à tout le monde.
- Sur les rivières domaniales (domaine public), il est détenu par l’État.
- Sur les cours d’eau non domaniaux, il appartient aux propriétaires riverains.
- Dans les eaux closes (étangs privés), il revient entièrement au propriétaire du terrain.
Les associations de pêche (AAPPMA) obtiennent généralement, par convention, le droit de gérer ces parcours pour leurs adhérents. Votre carte de pêche est donc votre autorisation sur les lots dont votre association a la gestion.
Une réglementation qui évolue pour protéger l’avenir
Cette réglementation n’est pas figée. Elle s’adapte aux nouveaux défis environnementaux pour assurer une gestion durable. Par exemple, face à la baisse alarmante des populations, la pêche du saumon atlantique et de la truite de mer a été suspendue en Bretagne pour l’année 2025. Ces décisions, parfois difficiles, sont prises sur la base d’avis scientifiques pour préserver l’avenir de ces espèces emblématiques.
Conclusion : une responsabilité partagée
En résumé, la réglementation de la pêche en eau douce en France cherche à équilibrer plaisir de la pêche et impératif de conservation. Elle repose sur un maillon essentiel : le réseau des fédérations et associations de pêche, qui font bien plus que vendre des cartes. Elles entretiennent les rivières, repeuplent, informent et sensibilisent. En tant que pêcheur, connaître et respecter ces règles, c’est agir concrètement pour la protection de nos rivières et la transmission de cette passion aux générations futures.
Sources officielles utilisées
- Ministère de la Transition écologique (service-public.fr) : Règles générales de la pêche en eau douce. https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F34305
- Fédération Nationale de la Pêche en France (FNPF) : Le cadre de la pêche en France, catégories piscicoles, droits de pêche.
https://www.federationpeche.fr/le-cadre-de-la-peche-en-france.html
https://www.federationpeche.fr/511-categories-piscicoles-et-periode-d-ouverture.htm
https://www.federationpeche.fr/514-droits-de-peche-et-reglementation.htm - Direction Départementale des Territoires et de la Mer des Côtes-d’Armor : Exemple d’arrêté préfectoral local (2025). https://www.cotes-darmor.gouv.fr/content/download/47318/319966/file/AP%20p%C3%AAche%20amateur%202025%20cours%20d%27eau%202%C3%A8me%20cat%C3%A9gorie%20et%20plan%20d%27eau.pdf
- Office Français de la Biodiversité (OFB) : Tableau des infractions et sanctions (extrait du code de l’environnement). https://www.ofb.gouv.fr/sites/default/files/Fiches%20peche/6.1%20-%20Tableau%20des%20infractions.pdf
- Article d’actualité (Ouest-France) : Illustration d’une mesure de gestion évolutive. https://www.ouest-france.fr/bretagne/suspension-de-la-peche-au-saumon-et-a-la-truite-de-mer-en-bretagne-pour-2025-ef0c1146-fcf1-11ef-9486-e78da31d6254
